Triant des diapositives, j'ai eu le grand plaisir de retrouver cette photographie qui date de la foire aux ânes de la Pentecôte 1996, à Lignières, dans le Cher, plaisir mélangé de nostalgie, deux des trois sujets figurant sur le cliché nous ayant quitté.
L'âne est François de Coursey, mort il y a quelques années. François a fait partie de la toute première génération de baudets Grand Noir reconnus pas les Haras nationaux, et repérés antérieurement sur leurs critères morphologiques. Cet animal avait été acheté, sauf erreur de ma part, dans la Creuse, et a passé tout le reste de sa vie à Courçais, dans l'Allier, chez ses propriétaires, Julien et Liliane Verneuil, qui ont fait partie des tout premiers étalonniers en race GNB. Pendant une demi-douzaine d'années, François a voyagé et représenté la race à Lignières, Blois, Pompadour et Paris (salon du cheval). Prenant de l'âge, il avait laissé sa place à des baudets plus grands et plus jeunes, qui a leur tour ont cédé leur tour à de nouvelles bêtes. François était un âne agréable, docile, qui présentait une variété génétique intéressante, malheureusement sous exploitée dans l'ombre des baudets nationaux qui ont inondé la race des mêmes souches. François n'a pas eu de descendant mâle direct et ses gènes se sont dilués au gré des saillies. J'ai tenté par trois fois d'obtenir des produits de cet âne avec mes femelles compatibles, mais ces unions n'ont pas été fertiles, ce qui est fort dommage, car il donnait ce noir de robe si recherché dans les premières années. Je possède néanmoins deux de ses petites filles, nées de mon mâle Huriel.
Inséparables de leur âne, Julien et Liliane Verneuil présentaient toujours François de manière colorée, des pompons de laine accrochés au licol.
Un jour, François ne s'est pas relevé. Plusieurs années après, c'est Julien qui nous quittait à son tour, laissant un vide immense pour sa famille et ses amis. Ce couple était dévoué à la cause du Grand Noir et a fait partie de ceux qui ont mis la race sur les fonds baptismaux, avec patience et modestie, à des années-lumière des falbalas ridicules de certains prétendus éleveurs comme on en voit de plus en plus sur le champ de foire de Lignières. Que ces lignes soient un hommage personnel à leur vaillance et à leur amitié.