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7 août 2008 4 07 /08 /août /2008 07:19

Dans les derniers jours de gestation d'une ânesse, l'éleveur se pose invariablement la question de savoir quand se produira la naissance de son futur ânon, quelquefois par simple curiosité, le plus souvent pour avoir l'esprit tranquille et être sur place pour intervenir en cas de soucis. D'où recherche de l'expérience des "anciens" ou de littérature spécialisée pouvant apporter un embryon de réponse. Il semble qu'en ce domaine, les références soient assez contradictoires.

En règle générale, les manuels spécialisés précisent que les ânes naissent plutôt la nuit, et que les femelles cherchent à s'isoler, voire à se cacher pour mettre bas. J'ai pu il y a quelques semaines débattre avec des éleveurs américains qui pronostiquent des mises-bas plus nocturnes que diurnes. Sur foi de tels éléments, et pour ne pas risquer la santé de mes animaux, j'ai mis un nombre très élevé de fois mon réveil sonner en pleine nuit, fait un grand nombre de kilomètres sous la clarté de la lune et des étoiles, pour arriver dans un pré où les ânesses me regardaient avec une visible curiosité, rien ne semblant se passer de particulier. A part quelques cas incertains, je ne recense à ce jour qu'une seule naissance de nuit (nous avons su que le travail était en cours grâce aux bruits des efforts de la mère, à quelques mètres de la maison), la grande majorité des heureux événements se réalisant à la lumière du jour. Il est donc flagrant qu'un décalage est perceptible entre l'idée générale que le public peut se faire sur la question et mon vécu d'éleveur.

Il n'est pas facile d'expliquer cette contradiction, surtout en l'absence de statistique crédible sur le phénomène. On peut penser à un phénomène local, lié à l'addition de hasards. Mon élevage repose essentiellement sur deux souches par les femelles, mais les mâles ont largement ouvert l'horizon génétique. Il n'est pas impossible que mes deux femelles de départ aient transmis à leurs filles des dispositions propres à ânonner plutôt de jour. L'hypothèse est invérifiable. Plus intéressante est la distinction entre le jour et la nuit, parce que plusieurs de mes animaux ont vu le jour à l'aube et au crépuscule, et c'est peut-être sur cette nuance que se jouent les choses. Confrontée dans un débat sur un forum d'éleveurs anglophones, cette question a peut-être trouvée une réponse toute simple grâce à la remarque d'une texane, qui parlait de différence de latitude et de longitude. Si la longitude peut difficilement être mise en cause, la notion de latitude me semble beaucoup plus pertinente. Les éleveurs américains, nombreux, expérimentés et bien équipés en moyens de communication (l'éternelle question du savoir est de connaître l'origine d'une information, et il n'est pas impossible qu'inconsciemment nous relayions des connaissances d'outre-Atlantique dans nos conversations d'éleveurs) travaillent dans un pays méridional que nos régions (le Texas est à peu près à la même distance de l'équateur que la Mauritanie).

La durée du jour et de la nuit s'y équilibre beaucoup plus que chez nous, l'aube et la tombée de la nuit étant plus courts qu'en Europe de l'Ouest. Or, nous savons que la fertilité des ânesses est influencée par la durée de l'ensoleillement quotidien, et que le printemps et l'été sont les périodes où les chaleurs sont les plus fécondes, donc où se produisent le plus de naissance - les gens qui s'acharnent à faire saillir leurs bêtes dès le mois de février ont à mon avis plus en tête le soucis de s'en débarrasser chez les étalonniers le temps de faire une coupe de foin que de vraiment recaler le cycle de leurs naissances, mais ceci est un autre débat. Il est donc logique que nos ânons naissent dans la période de l'année où les nuits sont les plus courtes, ce qui peut suffire à expliquer les différences de point de vue d'un continent à l'autre, et peut-être entre celui d'un savant en ânes nourri de littérature technique, et celui d'un éleveur de terrain.

Je me permettrait donc au lecteur qui visiterait cet article d'être vigilant à l'heure du marchand de sable et celle du laitier, s'il souhaite assister à la naissance d'un de ses ânons.

La question enfin de l'ânesse qui se cache pour mettre bas est loin d'être elle aussi tranchée. La même mère peut, d'une année sur l'autre, s'enfoncer dans un buisson de ronces et d'églantier pour se délivrer, ou faire voir le jour à son bébé en plein milieu d'un pré, sans se soucier, en apparence, de présence humaine. J'ai passé cette année plus d'une heure à arpenter un champ en quête du lieu de naissance d'un petit mâle que je venais de trouver tout mouillé tétant sa mère (encore une naissance à l'aube) pour découvrir la poche sur un tas de crottin en plein milieu de l'abri. Des chiffres, ou des témoignages de naisseurs, seraient appréciés pour approfondir ce sujet.

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